VI.16.1/2 and VI.16.3 Pompeii. Drawing of plan from NdS
1906; for details of VI.16.3 see pages 348-350.
See Notizie degli Scavi di
Antichità, 1906, (p.346,
fig.1)
VI.16.3 Pompeii. May 2005. Entrance doorway, looking north.
VI.16.3 Pompeii.
December 2007. Entrance doorway.
VI.16.3 Pompeii. December 2007. Looking west from entrance doorway.
VI.16.3 Pompeii. June 2005. Looking west from entrance doorway. Photo courtesy of Nicolas Monteix.
VI.16.3 Pompeii. December 2007. Looking north-west from entrance doorway.
VI.16.3 Pompeii. June 2005. Vat in north-west corner. Photo courtesy of Nicolas Monteix.
VI.16.3 Pompeii. June 2005. Second vat in north-west corner. Photo courtesy of Nicolas Monteix.
Photo courtesy of American Academy in Rome, Photographic Archive. Warsher collection no. 238.
VI.16.3 Pompeii.
Fullonica excavated in August 1903.
Looking north-west from entrance doorway towards two large masonry basins.
These were faced internally and externally with brick plaster (intonaco laterizio).
See Notizie degli Scavi di Antichità, 1906,
p. 348 and fig. 2 on p.349.
VI.16.3 Pompeii. December 2007. North wall with remains of vats for fulling.
VI.16.3 Pompeii. December 2007. North wall with remains of treading stalls.
To the right of the basins were three small walls faced again with brick plaster, used for treading the cloth with the feet.
See Notizie degli Scavi di Antichità, 1906,
p. 348 and fig. 2 on p.349.
VI.16.3 Pompeii. December 2007. Looking north towards entrance at VI.16.4.
VI.16.3 Pompeii. December 2007. Looking west from rear entrance doorway at VI.16.4.
In the centre of the photo is a room that is not visible from the doorway at VI.16.3.
VI.16.3 Pompeii. May 2005. Looking west along north wall, towards rear room in VI.16.3.
VI.16.3 Pompeii. June 2005.
North-west corner with hearth and masonry remains of bench or basin/vat? Photo courtesy of Nicolas Monteix.
VI.16.3 Pompeii. June 2005. Hearth. Photo courtesy of Nicolas Monteix.
VI.16.3 Pompeii. June 2005. Interior of hearth. Photo courtesy of Nicolas Monteix.
VI.16.3 Pompeii. June 2005. Detail of interior of hearth. Photo courtesy of Nicolas Monteix.
VI.16.3 Pompeii. June 2005. Detail from top surface of hearth. Photo courtesy of Nicolas Monteix.
VI.16.3 Pompeii. June 2005. Feature near south wall of rear room, looking south-east. Photo courtesy of Nicolas Monteix.
VI.16.3 Pompeii. June 2005. Second feature near south wall in rear room, looking south-west. Photo courtesy of Nicolas Monteix.
VI.16.3 Pompeii. December 2007. Looking east from entrance doorway.
VI.16.3 Pompeii. December 2007. Looking east towards remains of basin.
VI.16.3 Pompeii. May 2005. Looking south to remains of basin, from VI.16.4.
VI.14 Pompeii, on left. September 2004. Vicolo di Mercurio looking west. VI.16.3, on right.
According to Della Corte, four electoral recommendations found above three corners of this crossroad, all speak of a Salarius Crocus. They read –
(M’ Salarius)
Crocus cupit [CIL IV 6647]
Salarius rog(at) [CIL IV 6645]
Crocus c(upidu)s
f(acit) [CIL IV 6667]
Salarius (rogat) [CIL IV 3491 – with Note 2]
He thought the first two were from the proprietor of VI.16.3, whereas the last two were probably the proprietor or owner of VI.14.30, Casa del Laocoonte.
See Della Corte, M., 1965. Case ed Abitanti di Pompei. Napoli: Fausto Fiorentino.(p.89)
According to Epigraphik-Datenbank Clauss/Slaby (See www.manfredclauss.de) these read -
L(ucium) Albucium
/
aed(ilem)
Crocus cupi[t] [CIL IV 6647]
Modestum
aed(ilem)
Salarius rog(at) [CIL IV 6645]
Samellium
aed(ilem) Crocus
c(upidu)s f(acit) [CIL IV 6667]
M(arcum)
Holconium
IIv(irum) i(ure)
d(icundo) o(ro) v(os) f(aciatis) Salarius
[CIL IV 3491]
Nicolas Monteix,
Enora Le Quéré, François Fouriaux, Sanna Aho, Brice Ephrem, Sébastien Lepetz,
Evan Proudfoot et Caroline Autret
École française
de Rome, Université de Rouen (Groupe de recherches en Histoire - GRHIS, EA
3831), Centre Jean-Bérard (CNRS/EFR, USR 3133), Institut universitaire de
France, en collaboration avec le Parco archeologico di Pompei.
Le matériel suivant est © Ecole française de Rome.
Utilisation soumise à CC-BY-NC-SA 4.0
Voir http://cefr.revues.org/3548
Merci à Nicolas Monteix et à ses collègues.
The following material is © Ecole française de Rome.
Use subject to CC-BY-NC-SA 4.0
See http://cefr.revues.org/3548
Our thanks to Nicolas Monteix
and colleagues.
Composition de l’équipe : N. Monteix, E. Le Quéré ; S. Aho (archéologue), C. Autret (céramologue), Charles Bigo (topographe, ESTP), Saverio De Rosa (numismate), B. Ephrem (ichtyologue), F. Fouriaux (topographe), E. Proudfoot (archéologue), Spyridon Tsiadis (archéologue), Baptiste Vergnaud.
Nous remercions
le Parco archeologico di Pompei pour nous avoir permis de travailler dans les
meilleures conditions, et tout particulièrement le prof. Massimo Osanna,
directeur général du Parc, la dott.ssa Grete Stefani, directrice du site, la
dott.ssa Silvia Martina Bertesago, fonctionnaire archéologue responsable de
notre secteur, Vincenzo Sabini, assistant technique, Domenico Busiello et
Ulderico Franco, responsables des dépôts.
Cette campagne de
fouilles s’inscrit dans un projet plus large (« DELPO : Espaces
urbains de production et histoire des techniques à Délos et à Pompéi »)
faisant partie des programmes de recherche quinquennaux de l’École française de
Rome et de l’École française d’Athènes. La fouille a été réalisée dans le cadre
d’une concession pluriannuelle (2018-2020) accordée par le Ministero per i Beni
e le attività culturali. La campagne de cette année s’est déroulée du 2 au
31 juillet 2018. Le traitement des données stratigraphiques a été
grandement facilité par l’utilisation du Stratifiant, conçu par
B. Desachy. Les photogrammétries ont été réalisées en utilisant une
licence Photoscan fournie par la TGIR Huma-Num. Enfin, les données
planimétriques ont été intégrées à un SIG développé sous QGIS.
Cette première
campagne visait, par des nettoyages, à mesurer le potentiel des différents
ateliers étudiés et à effectuer des sondages stratigraphiques à des fins de
datation et de meilleure compréhension des aménagements productifs.
La majeure partie
des ressources de la campagne a été déployée pour mener une exploration
stratigraphique et un nettoyage de surface de la foulerie située en VI
16, 3-4. L’atelier est divisé en trois espaces. Les deux premiers sont
relativement bien connus suite aux travaux de
nettoyage effectués par Miko Flohr en 2008 (Note 1) : au sud, la
pièce 2 dans laquelle se déroulaient les opérations liées à la foulerie,
avec bassins et stalles de foulage ; au nord, la pièce 3 était vouée
en 79 au lavage des toisons. La pièce 1, qui constitue la partie
principale de l’atelier en termes de surface, n’avait pas été prise en
considération depuis le dégagement effectué par A. Sogliano en 1906. Si
nos recherches visent à remettre au jour l’intégralité des niveaux en usage en
79 et à procéder à des sondages stratigraphiques circonstanciés, la gestion de
la terre de déblais nous a contraints à limiter l’extension de nos travaux pour
cette campagne. La pièce 3 a été intégralement nettoyée à frais nouveaux
de manière à pouvoir compléter la documentation existante ; seule la
moitié septentrionale de la pièce 1 a été ouverte. Un large sondage a été
mené dans la moitié occidentale de cet espace, tandis que la moitié orientale
n’a bénéficié que d’un nettoyage de surface (fig. 1).
Note 1 :
Flohr 2011, p. 6-11.
Fig. 1
– Pompéi, VI 16, 3-4. Nomenclature des espaces et limites des opérations
de nettoyage et de fouille.
Relevé,
dessin : F. Fouriaux/EFR. Licence creative commons, © CC BY-NC-SA.
En raison de
cette exploration par étapes, la division en phases présentée ici reste
hypothétique et sera vraisemblablement l’objet de remaniements avec l’extension
de la fouille au cours des prochaines campagnes.
Les niveaux
éruptifs anté-pliniens sur lesquels Pompéi est
construite ont été observés à deux reprises. Dans les deux cas, la surface
originelle du niveau de grey ash a disparu, emportée par les
travaux de nivellement effectués au cours du Ier millénaire av.
n.è. Ce sont ces mêmes travaux qui expliquent que la grey ash
a été observée avec une telle facilité : une première fois à 35,23 m s.l.m., immédiatement en dessous du seuil marquant l’accès
à la pièce 3 ; une seconde fois à la faveur du creusement d’une fosse
à 34,89 m s.l.m, sur une épaisseur de
0,54 m. La présence de ces niveaux anté-pliniens
à moins de 0,50 m de la surface utilisée en 79 de n.è.,
en contact direct avec les niveaux impériaux, permet par anticipation d’exclure
la mise au jour de niveaux archaïques ou même hellénistiques lors de
l’extension de la fouille.
À cause de ces
travaux de terrassement réalisés sur l’ensemble de l’espace occupé en 79 par
l’atelier, les vestiges antérieurs au Ier s.
av. n.è. sont particulièrement peu nombreux
malgré l’amplitude de la fenêtre ouverte dans la pièce 1 (fig. 2).
Clairsemés sur plusieurs niveaux de remblais perforés de nombreuses fosses dont
l’interprétation reste toujours délicate, on ne signalera pour l’heure que deux
éléments. Le premier est un tronçon de mur, aligné avec le mur septentrional de
la pièce 2, mais déplacé par rapport à celui-ci de 0,30 m au nord.
Conservé sur 1,25 m, il est réalisé en moellons de calcaire « du
Sarno » et de lave locale. Sa largeur pourrait être restituée à
0,39 m. Il a été prolongé vers l’est, sur une longueur d’environ
1,00 m, par une construction hétéroclite, non parementée, réalisée avec
des tuiles brisées et des fragments d’enduits. Plus loin vers l’est, dans la
continuité de ces deux constructions, ont été observés les vestiges d’une
canalisation maçonnée qui forme un angle de 60 degrés par rapport au mur.
Le canal, large de 8 cm, est conservé sur 0,40 m. La fouille des
niveaux de remblais englobant cette canalisation étant restée inachevée au
terme de la campagne, il n’est guère possible pour l’heure de déterminer si la
canalisation a été sectionnée par des fosses ou bien si d’autres vestiges
subsistent. Enfin, en lien avec ces différents éléments, nous signalerons la
présence d’un possible niveau de sol : sa surface indurée vient s’achever
contre la construction non parementée.
Fig. 2
– Pompéi, VI 16, 3-4, pièce 1. Plan des vestiges antérieurs au Ier s.
av. n.è.
Relevé,
dessin : F. Fouriaux/EFR. Licence creative commons, © CC BY-NC-SA.
Le seul autre
élément appartenant probablement à une phase antérieure aux vingt dernières
années de vie de Pompéi dans ces espaces est une bouche de citerne, visible
sous les tuiles utilisées comme revêtement de sol dans le poste de travail
oriental de la pièce 3 (fig. 3). Réalisée en basalte,
présentant un diamètre d’ouverture de 0,47 m, elle est recouverte par un
sol de béton blanc a priori dépourvu de tout élément
de protection hydraulique, dont des vestiges subsistent également dans le poste
de travail occidental. Le point de remplissage de cette citerne reste
indéterminé.
Fig. 3
– Pompéi, VI 16, 3-4, pièce 3. Bouche de citerne remblayée lors de la
mise en place de l’atelier de lavage des toisons. Relevé photogrammétrique.
Cl. MIBAC/N. Monteix/EFR.
Licence creative
commons, © CC BY-NC-SA.
La phase suivante
correspond, selon nos observations, aux conséquences du séisme qui a frappé
Pompéi en 62/63 (fig. 4-5). Cette
interprétation est fondée sur l’étude des murs en élévation et sur la mise en
évidence de formes de (re)constructions caractéristiques des interventions
consécutives au séisme, en particulier l’usage d’un mortier sableux, de couleur
jaune, dont l’un des composants est issu de l’extraction des cendres de l’une
des éruptions anté-pliniennes, postérieure aux dépôts
volcaniques de l’éruption du Mercato. On retrouve ce type de sédiment employé
dans la maçonnerie du mur périmétrique de la pièce 1, ainsi que dans les
trois murs de la pièce 3, où seule une fraction réduite du mur méridional
faisant refend avec la pièce 2 pourrait avoir échappé à la destruction
occasionnée par le séisme (Note 2). Il a déjà été montré à de nombreuses
reprises que, dans cette situation d’urgence, les Pompéiens ont fréquemment
creusé des fosses – improprement appelées « à
pouzzolane » –, généralement dans les espaces ouverts, pour en
extraire du matériel éruptif employé dans leur reconstruction d’urgence. Bien
qu’elle n’ait pas été fouillée, mais simplement identifiée et observée en coupe
grâce à la fouille d’une fosse postérieure, cette fosse pourrait correspondre à
une telle pratique. En effet, ses dimensions en plan au sommet (au moins
2,57 m de longueur ; au moins 0,90 m et jusqu’à 1,80 m de
largeur) (Note 3) et le fait qu’elle a traversé l’intégralité du niveau de grey ash
et semble continuer en profondeur pourraient faire de cette fosse une
importante zone d’extraction de matériel éruptif anté-plinien.
Une fois les réparations effectuées, cette fosse a été immédiatement rebouchée
avec une stratification comprenant une alternance de remblais dépourvus, en
coupe, d’éléments de construction, et de remblais comprenant moellons,
fragments d’enduits et débris de mortier. La couche scellant l’ensemble est
presque exclusivement constituée de récipients et d’amphores brisés.
Note 2 : La
majeure partie des murs en élévation a été étudiée durant cette campagne.
Cependant, en raison de l’installation du tas de terre de déblais en avant des
murs occidental et méridional de la pièce 2, cette étude est encore
incomplète. Ces résultats seront présentés une fois l’intégralité des murs
relevée et interprétée.
Note 3: Il n’est
pas impossible que cette fosse de plan oblong s’achève par une autre fosse,
individualisée au moment de la fouille. Le rapport physique entre ces deux
creusements a été détruit par une fosse postérieure. Une autre hypothèse
pourrait être que ces deux fosses aient servi à l’extraction de matériel
éruptif.
Fig. 4
– Pompéi, VI 16, 3-4, pièce 1. Relevé photogrammétrique.
Fosses creusées
après le séisme de 62/63 pour extraire du matériel éruptif, recoupées ensuite
par une seconde fosse, ici vidée, et remblayées avec une vaste couche de
tessons à leur sommet.
Cl. MIBAC/N. Monteix/EFR. Licence creative commons, © CC BY-NC-SA.
Fig. 5
– Pompéi, VI 16, 3-4. Coupe de la fosse ayant probablement servi de
carrière de matériel éruptif anté-plinien après le
séisme de 62/63.
Relevé, dessin B.
Ephrem/EFR. Licence creative
commons, © CC BY-NC-SA.
Immédiatement à
l’ouest, une seconde fosse, contemporaine par son creusement et son
remplissage, pourrait correspondre à une pratique similaire (fig. 6).
Sa plus faible extension tant en plan qu’en profondeur paraît interdire une
recherche du matériel éruptif lié à l’éruption du Mercato ; le niveau de grey ash
aurait alors pu être celui qui a été exploité. Son comblement, riche en
éléments de construction et en fragments de mobilier, est plus hétérogène que
celui de la fosse précédente.
Fig. 6
– Pompéi, VI 16, 3-4, pièce 1. Coupe de la seconde fosse creusée
après le séisme de 62/63. Vue de l’est.
Cl. MIBAC/N.
Monteix/EFR. Licence creative
commons, © CC BY-NC-SA.
Il est important
ici de signaler que cette phase de réparation correspond à une véritable
restauration « à l’identique ». Telle est du moins la première
interprétation que l’on peut proposer après l’étude du bâti dans la
pièce 3 (fig. 7). L’élément clé tient ici à l’enduit
recouvrant sans solution de continuité le mur occidental
– reconstruit – et la porte d’axe biais qui permettait alors de
passer de la pièce 3 à la pièce 2 (Note 4). Nous reviendrons plus
loin sur ce point et sur ses implications quant au développement de l’atelier
réunissant au moins lavage de toisons et foulerie dans un même espace.
Note 4 :
Cette porte a été murée dans un second temps correspondant à la mise en place
des bassins de rinçage de la foulerie dans la pièce 2.
Fig. 7
– Pompéi, VI 16, 3-4, pièce 3. Angle sud-ouest où se situait une
porte donnant sur la pièce 2 avant qu’elle ne soit bouchée. Isométrie sur
relevé photogrammétrique.
Cl. MIBAC/N.
Monteix/EFR. Licence creative
commons, © CC BY-NC-SA.
Après cette phase
de restauration, perçue grâce aux fosses d’extraction de matériel éruptif, un
niveau de remblai présentant un très léger pendage du nord au sud, épais de
4 à 10 cm, est mis en place au moins dans la partie centrale de la
pièce 1. Sa surface, indurée, laisse supposer qu’il a également servi de
niveau de circulation et surtout d’installation des différents aménagements
construits durant cette phase.
Le premier
d’entre eux correspond à un probable cendrier (fig. 8).
De forme vraisemblablement rectangulaire (Note 5), il se développe
parallèlement au seuil permettant d’accéder à la pièce 3, en contrebas de
celui-ci. Construit avec un mortier de mauvaise qualité, comportant
d’importants nodules de chaux non écrasés, il a été observé sur 0,29 m de
haut et 0,80 m de large. Il ne semble pas avoir été parementé sur son côté
extérieur, à l’est. En revanche, sa surface intérieure, verticale et dont la
partie au contact de la base a été adoucie par un petit plan oblique, a été
lissée. Son utilisation comme cendrier se déduit autant des deux niveaux de
cendres le comblant, que de sa position en face de la gueule de la chaudière
basse située à l’est de la pièce 3.
Note 5 : Son
extrémité septentrionale est encore sous la bouche de citerne en remploi ;
son extrémité méridionale a été détruite par la construction du bassin de
décantation.
Fig. 8
– Pompéi, VI 16, 3-4, pièce 1. Plan de la première phase de
l’atelier.
Relevé B. Ephrem,
dessin F. Fouriaux/EFR. Licence creative commons, © CC BY-NC-SA.
Deux autres
aménagements sont liés à un système hydraulique permettant l’évacuation. Le
premier est une canalisation courant légèrement de biais par rapport au seuil
et au montant méridional de l’accès à la pièce 3 (fig. 9).
Son départ a été détruit dans une phase ultérieure, mais peut facilement être
restitué au niveau de l’avaloir permettant l’évacuation de l’eau tombée sur le
sol de la pièce 3. Large de 0,34 m, dont 0,14 m de canal
proprement dit, cette canalisation a été observée sur une longueur de 2 m,
sachant qu’elle continue au-delà de la limite des sondages ouverts durant cette
campagne. Construite avec des moellons variés – calcaire « du
Sarno », basalte, terres cuites architecturales en remploi – sans
véritable soin, cette canalisation profonde d’environ 0,12 m,
partiellement recouverte d’un enduit hydraulique de mauvaise facture, présente,
à 0,57 m du côté nord, un col d’amphore non identifiée (diamètre
0,19 m) serti dans son fond, de manière à dédoubler sa profondeur en ce
point. Ce bricolage paraît devoir être interprété comme un système rudimentaire
de décantation.
Fig. 9
– Pompéi, VI 16, 3-4, pièce 1. La canalisation liée à
la première phase de fonctionnement de la laverie de toisons
et son bassin de décantation vus de l’est.
Cl. MIBAC/N.
Monteix/EFR. Licence creative
commons, © CC BY-NC-SA.
À un moment
ultérieur, une panse d’amphore a été ajoutée au même endroit, immédiatement à
l’est de la canalisation (fig. 10). Sertie dans une
maçonnerie légèrement différente de celle-là, cette amphore était reliée à la
canalisation par un court canal (long de 0,24 m ; haut de
0,08 m) couvert par une tuile en remploi. Le volume de décantation ainsi
obtenu est d’environ 17 L. Signalons que le canal reliant la canalisation
à l’amphore a été découvert volontairement obstrué par l’insertion d’un petit
moellon de tuf et de mortier ; l’amphore avait également été remblayée.
Fig. 10
– Pompéi, VI 16, 3-4, pièce 1. Coupe ouest-est de
la canalisation et de son bassin de décantation (éch. : 1/20).
Relevé, dessin B.
Ephrem/EFR. Licence creative
commons, © CC BY-NC-SA.
Notons que les
maigres vestiges de deux autres aménagements réalisés au cours de cette phase
ont été observés. Le premier d’entre eux a été presque intégralement détruit
par la construction d’un véritable bassin de décantation dans une phase
successive. Il a été observé sous la forme d’une construction maçonnée réalisée
avec des moellons de basalte ayant probablement réduit l’extension du cendrier,
sans pour autant condamner cette fonction : les rares moellons subsistants
étaient recouverts d’un niveau de cendres similaire à ceux ayant alors déjà
comblé le cendrier.
Enfin, au sud-est
de l’amphore, des fragments de maçonnerie alignés ont été observés sur une
longueur de 0,68 m ; ils présentent l’empreinte d’une forme
longitudinale et de faible section. Visibles dès le dégagement des niveaux
modernes, ils se sont révélés être simplement posés sur le niveau de sol alors
en usage (Note 6).
Cette phase
s’achève par un niveau de remblai déposé sur l’ensemble de la surface de la
pièce 1. L’absence de véritable superficie damée à sa surface rend
improbable son usage comme sol pendant une longue durée. Il s’agira simplement
d’un épandage destiné à niveler la pièce pour faciliter l’installation de
nouveaux aménagements.
Note 6 :
Nous reviendrons plus loin sur la chronologie relative de ces aménagements et
sur leur utilisation partiellement concourante : il importe, pour en
discuter, de décrire au préalable les constructions réalisées dans la dernière
phase de vie de l’atelier.
Après le dépôt de
ce niveau de remblai, mais avant l’installation des différents aménagements
réalisés durant cette phase, une fosse est creusée dans la partie
nord-occidentale de la pièce 1 (fig. 11-13). De forme
« patatoïde » en plan (longueur maximale : 1,09 m ;
largeur maximale : 0,81 m), cette fosse, profonde de 0,83 m,
présente un profil convexo-concave au sud et plus franchement concave au nord.
Si elle a eu comme but de récupérer du matériel éruptif, seul le niveau de grey ash
a été touché par son creusement. Elle a dû rester ouverte pendant quelque
temps, comme en témoigne le niveau de grey ash remanié déposé sur son fond.
Son remplissage a été réalisé en deux moments successifs, chacun avec un
comblement assez meuble enrichi de fragments de mortier et d’enduits peints. Un
certain laps de temps a dû s’écouler entre ces deux moments, suffisant pour
qu’une partie de ses parois s’effondre. Pendant cette période, un poteau d’un
diamètre de 0,20 m a été installé (contre sa paroi septentrionale, sa
partie inférieure se situant à 0,52 m de la surface du sol alors en
usage). Une fois réalisée cette construction, probablement temporaire (Note 7).,
la fosse a été intégralement comblée. Parmi les objets mis au jour lors de la
fouille du comblement de la fosse, on signalera en particulier un bol décoré de
forme Drag. 29, estampillé au nom de Senicio de La
Graufesenque, actif jusque vers 65 de n.è. et dont la
production est déjà attestée à Pompéi (Note 8).
Note 7 : Le
comblement du trou de poteau, consécutif à l’arrachage de ce dernier, était
recouvert par un niveau de circulation. Si, pendant un temps, l’hypothèse que
ce poteau ait servi à définir la paroi occidentale de l’abri accueillant les
blocs de seuil en remploi a été formulée, il semble qu’il faille la
repousser : le poteau se serait trouvé au milieu du passage permettant
d’accéder à l’abri, comme le suggère la paroi méridionale, clairement définie
par une couche de nivellement, pour y poser une sablière.
Note 8 : Le
timbre, rétrograde, se lit OIISIINICIO et correspond à l’estampille 1a. La
datation de sa période d’activité est extraite de la base de données du RGZM ; voir également Dannell et al. 2011, p. 204-210.
Nous remercions A. Mees et G. Dannell pour leurs remarques sur cette
estampille.
Fig. 11
– Pompéi, VI 16, 3-4, pièces 1 et 3. Plan de la seconde phase de
l’atelier.
Relevé,
dessin : F. Fouriaux/EFR. Licence creative commons, © CC BY-NC-SA.
Fig. 12
– Pompéi, VI 16, 3-4, pièce 1. Fosse probablement creusée pour
extraire du matériel éruptif, en cours de fouille, vue de l’ouest.
Cl. MIBAC/B. Ephrem/EFR. Licence creative commons, © CC BY-NC-SA.
Fig. 13
– Pompéi, VI 16, 3-4, pièce 1. Coupe nord-sud le long de la fosse
probablement creusée pour extraire du matériel éruptif.
Relevé, dessin B.
Ephrem/EFR. Licence creative
commons, © CC BY-NC-SA.
Les travaux de
transformation de la pièce 1 commencent immédiatement après la mise en
place de ce poteau. Légèrement plus à l’ouest, une aire de gâchage d’un mortier
très jaune a été mise en évidence (fig. 14) ; elle a
notamment servi pour la construction d’un nouveau bassin de décantation
installé immédiatement en avant du seuil permettant d’accéder à la
pièce 3 : le mortier utilisé pour ce bassin présente les mêmes
caractéristiques que les vestiges disséminés sur le sol en avant de celui-ci (fig. 15).
La maçonnerie le définissant est presque exclusivement constituée de moellons
en calcaire « du Sarno » ; elle est large de 0,14 à 0,25 m.
Le bassin est conservé en profondeur sur 0,43 m, et est large de
0,65 m et long de 0,70 m, pour un volume utile conservé d’environ
200 L. Sa paroi interne est revêtue d’une couche de béton de tuileau
permettant son imperméabilisation ; l’angle entre les parois verticales et
le fond est adouci par un bourrelet d’étanchéité, exécuté en plan oblique.
L’avaloir aménagé dans la pièce 3 se déverse dans le bassin ; une
canalisation, réalisée avec des imbrices
retournées et simplement juxtaposées les unes aux autres, assure l’évacuation
du trop-plein avec un départ correspondant à la hauteur conservée des vestiges
(35,33 m s.l.m.). Ce système recourant aux imbrices est conservé sur 4,20 m, où la
canalisation est rectiligne avec une pente douce (ca. 3 %).
Les tuiles disparaissent ensuite, sans qu’il ne soit pour l’heure possible de
déterminer s’il s’agit d’une absence volontaire ou bien liée aux premiers
dégagements du début du XXe s.
Cependant, dans la continuité de la canalisation, une couche de sédiment jaune
pâle, assez proche de celui qui comblait le bassin, se développe en suivant une
large courbe dans la partie orientale de l’atelier. Il n’est pas exclu que
cette couche, individualisée seulement cette année, corresponde à un système de
canalisation non maçonné ; la prochaine campagne devrait permettre de
résoudre cette question.
Fig. 14
– Pompéi, VI 16, 3-4, pièce 1. Probable aire de gâchage de mortier,
vraisemblablement destiné à la construction du bassin de décantation, vue du
sud.
Cl. MIBAC/N. Monteix/EFR. Licence creative commons, © CC BY-NC-SA.
Fig. 15
– Pompéi, VI 16, 3-4, pièce 1. Bassin de décantation en cours de
fouille, vu du sud.
Cl. MIBAC/N.
Monteix/EFR. Licence creative
commons, © CC BY-NC-SA.
Parallèlement à
cette canalisation d’évacuation des eaux, au sud de celle-ci, à une distance
variant de 0,50 à 0,75 m d’elle, est implanté un tuyau en plomb
destiné à alimenter non seulement l’atelier mais également la Casa degli
amorini dorati (fig. 16). Contrairement à ce
qui avait été proposé par M. Flohr, ce tuyau – qu’il n’avait pas
observé – est vraisemblablement directement relié au château d’eau
secondaire situé à l’angle sud-oriental de l’îlot VI 16 (Note 9).
Dans la pièce 1, l’implantation de cette canalisation d’adduction a
nécessité de détruire une partie de la canalisation d’évacuation réalisée dans
la phase antérieure. De manière à stabiliser le parcours de ce tuyau qui
courait à peu de choses près directement sur le sol, un petit massif maçonné
est réalisé à proximité du seuil de la pièce 3, qui sectionne et oblitère
la canalisation antérieure. Dans la pièce 3, il est probable que
l’ensemble du pavement a alors été (re)fait en utilisant un mélange de tuiles
plates et de briques sesquipedales. À proximité de la
chaudière située au nord-ouest de la pièce est installé un caisson de
répartition (Note 10). qui présente trois tuyaux de sortie : l’un dans la
continuité de l’adduction vers les fontaines, un deuxième implanté sur le côté
sud-occidental du caisson permettait l’alimentation des bassins de rinçage de
la foulerie dans la pièce 2, tandis qu’un troisième tuyau permettait
d’alimenter la chaudière de la pièce 3 et son bassin (fig. 17).
Note 9 : Contra
Flohr 2011, p. 10‑11.
Note 10 : De
manière à éviter de mettre en péril cet aménagement en plomb, nous n’avons pas
cherché à fouiller intégralement les niveaux sur lesquels il a été implanté. En
particulier, nous n’avons pas cherché à explorer en sape le creusement grâce
auquel son parcours a pu passer sous le bassin septentrional de la
pièce 3.
Fig 16
– Pompéi, VI 16, 3-4, pièce 1. Tuyau d’adduction en plomb et
canalisation d’évacuation. Vue du sud.
Cl. MIBAC/N.
Monteix/EFR. Licence creative
commons, © CC BY-NC-SA.
Fig. 17
– Pompéi, VI 16, 3-4, pièce 3. Caisson de répartition en plomb
permettant l’alimentation de l’atelier et de la Casa degli amorini dorati.
Vue de l’ouest.
Cl. MIBAC/E.
Proudfoot/EFR. Licence creative commons, © CC BY-NC-SA.
Ces premiers
travaux ont considérablement transformé les possibilités d’accès à la
pièce 3 : en particulier, le bassin de décantation, situé au milieu
du passage, devait être particulièrement gênant pour la circulation s’il
n’était pas couvert par une couverture en bois. Il est possible que cette
transformation soit le motif du probable arasement de la chaudière orientale de
la pièce 3 – découverte détruite au moment de son dégagement –
et de l’installation, devant celle-ci, et dans la pièce 1, d’une bouche de
citerne remployée comme marche d’accès.
Au terme de cette
première série de travaux, après avoir abattu le poteau temporaire et avoir
comblé le vide laissé, une couche d’assainissement, de couleur brun orangé,
épaisse uniformément d’environ 5 cm, est déposée sur l’ensemble de la
pièce. C’est sur ce niveau, qui a ensuite servi de plan de circulation jusqu’à
l’éruption de 79, que sont construits les derniers aménagements de l’atelier.
Dans la partie occidentale, un abri est construit. Son plan est un trapèze
irrégulier (Note 11). Sa limite méridionale est constituée par une cloison
probablement réalisée en pan de bois hourdé dont la sablière inférieure était
posée sur une couche de sable jaune installée dans un creusement longiligne de
faible profondeur (2 à 3 cm) (fig. 18). L’accès à cet abri
– couvert comme le montrent les deux empreintes de solives ménagées dans
le mur septentrional, appuyées sur les montants en calcaire « du
Sarno » d’une porte bouchée – se faisait par le côté occidental,
largement ouvert. En effet, outre la cloison déjà mentionnée au sud, les côtés
oriental et septentrional sont occupés par trois blocs de seuil de boutique en
remploi disposés en équerre et légèrement surélevés par une série de moellons
de basalte, de façon que leur face supérieure se situe à 0,32 m du sol.
Note 11 :
Longueurs des différents côtés : 2,00 m au nord ; 1,48 m à
l’ouest ; 2,06 m au sud ; 1,18 m à l’est.
Fig. 18
– Pompéi, VI 16, 3-4, pièce 3. Base de cloison permettant la mise en
place d’une sablière. Vue zénithale de l’ouest.
Cl. MIBAC/N. Monteix/EFR.
Licence creative
commons, © CC BY-NC-SA.
Dans la partie
orientale de la pièce 1, il est probable qu’une seconde construction sur
poteaux de bois ait été mise en place. Deux de ces poteaux ont été observés. Si
la ligne qu’ils forment devait se prolonger jusqu’au mur méridional de la pièce 1,
le plan de cet espace serait trapézoïdal. Contre les murs septentrional et
oriental, sur une largeur de 0,55 à 0,58 m, une couche de sédiment
jaune a été déposée sur une épaisseur de 5 à 6 cm.
Deux séries de
creusements ont été observées dans cette banquette (fig. 19).
La première est constituée par deux d’entre eux, disposés le long du mur
oriental. Le premier, situé à 2,21 m du mur nord, est de plan sensiblement
carré de 0,21 m de côté ; il est profond de 9 cm et son profil
est en V. Le second, situé à 0,78 m plus au sud, est de plan
semi-circulaire ; il est profond de 8 cm et son profil est plus
ondulé. Pour l’heure, faute d’avoir une vision complète de cette banquette de
sédiment jaune, il est difficile de proposer une interprétation du second
creusement. Le premier pourrait quant à lui être lié à une empreinte de solive
située au ras du sol dans le mur nord ; il pourrait, en première approche,
renvoyer à un aménagement en bois devant être fortement ancré à la fois au sol
et au mur (Note 12).
Note 12 :
L’hypothèse, relativement faible pour l’instant, qu’il puisse s’agir d’une
presse à tissu, doit encore être évaluée.
Fig. 19
– Pompéi, VI 16, 3-4, pièce 3. Représentation des variations du sol
de fonctionnement en 79 de n.è.
Isoplèthes
d’altitude chaque 1 cm. Les lignes sombres représentent la position
possible des métiers à tisser.
Relevé, dessin N.
Monteix/EFR. Licence creative
commons, © CC BY-NC-SA.
La seconde série
est constituée de quatre voire cinq creusements. Deux du côté septentrional
sont situés à 0,32 m du mur nord et espacés de 1,10 m ; ceux du
côté oriental sont situés à 0,34 m de ce même mur et espacés de
0,70 m. Le cinquième creusement est situé à 0,52 m du mur
septentrional. Tous sont profonds de 6 à 7 cm et ont un plan
circulaire. Lors de la fouille, une dépression de 4 à 5 cm a été
relevée au sud (/sud-ouest) des deux premiers trous situés parallèlement au mur
septentrional, ce qui laisse supposer une forte fréquentation de cet espace.
Nous reviendrons sur l’interprétation qu’il est possible de proposer pour ces
différents creusements.
Les seuls niveaux
correspondant au fonctionnement de l’atelier ont été mis au jour dans le bassin
de décantation. Il s’agit d’un comblement jaune, très fin, pouvant ressembler
en première observation à du matériel éruptif. Il ne contient que de rares inclusions,
aucune d’entre elles ne pouvant être d’origine anthropique. Les observations
conduites par V. Amato (Parco archeologico di Pompei) permettent de
considérer qu’il s’agit de matériel éruptif, mais remanié comme l’indique la
présence de calcaire dans la fraction sableuse (Note 13). Des analyses seront
effectuées pour comprendre la composition de ce dépôt sédimentaire, afin de
déterminer s’il peut être mis en relation avec les activités de lavage des
toisons exécutées dans la pièce 3 (Note 14).
Note 13 :
Nous remercions vivement V. Amato pour sa disponibilité à observer les
échantillons prélevés au moment de la fouille.
Note 14 :
Des premiers contacts ont été pris avec Mauro Antonio di Vito
(Osservatorio Vesuviano) pour mener ces analyses.
Le dégagement de
l’atelier, effectué en août 1903, a laissé plusieurs marques sur la
pièce 1. Parmi les activités relevant probablement de ce moment, on
signalera le creusement d’une fosse dans laquelle un feu a été consumé avant de
servir de dépotoir pour des déchets alimentaires (boîtes de conserves, etc.),
mais aussi la création d’un chemin de brouette, suffisamment fréquenté pour
créer un véritable niveau de terre battue. Très certainement au sortir de la
seconde guerre mondiale, après qu’une bombe a éclaté en face de la Casa degli
amorini dorati, une fosse à chaux de plan probablement
quadrangulaire, aux angles arrondis, similaire à celle observée en VII 5,
28, a été creusée au sud-est de la zone explorée cette année (Note 15). Enfin,
à une date inconnue, mais probablement postérieure à la grande campagne de
restauration de la fin des années 1940, un vaste bassin a été implanté au
milieu de la pièce 1, ce qui a vraisemblablement détruit une bonne partie
des relations stratigraphiques de cette dernière. Le rôle de ce bassin reste
par ailleurs mystérieux.
Note 15 :
Sur le bombardement, voir García y García 2006, p. 96 ; sur
la présence d’une fosse à chaux creusée dans un atelier de plombier pour la
restauration des thermes du forum, voir Monteix – Rosso 2008,
p. 245.
À partir des
données recueillies durant cette campagne, nous pouvons proposer une première
synthèse quant aux activités de production qui se sont déroulées dans
l’atelier VI 16, 3‑4. Il convient cependant au préalable de
revenir sur certaines interprétations esquissées dans les paragraphes qui
précèdent (fig. 20).
Fig. 20
– Pompéi, VI 16, 3-4, pièces 1 et 3. Relevé photogrammétrique de la
seconde phase de l’atelier.
Cl MIBAC/N.
Monteix/EFR. Licence creative
commons, © CC BY-NC-SA.
Si l’étude des
murs et les différentes fosses observées avant l’installation de l’atelier
permettent de proposer une création postérieure au séisme de 62/63, et que la
fouille suggère l’existence de deux phases consécutives, il convient de
s’interroger sur les activités développées dans la pièce 3 lors de la
première phase. Le seul changement perceptible tient à l’arasement de la
chaudière orientale, tel qu’observé lors du dégagement de la pièce (Note 16).
Il aurait pu y avoir substitution d’une chaudière avec l’autre, éventuellement
associée à un rétrécissement du bassin en longueur. Dans l’autre atelier
« de seconde génération » de lavage des toisons, situé en
I 8, 19, une seule chaudière basse existe, ce qui tendrait à donner
du poids à l’argument de succession des chaudières. Par ailleurs, bien que de
dimensions plus réduites, l’équipement de cet atelier en termes de gestion des
eaux est similaire d’une phase à l’autre : la « maçonnerie »
observée dans la partie méridionale du sondage pourrait correspondre à un
aménagement voué à caler un tuyau en plomb d’adduction de l’eau. En ce cas,
l’utilisation successive d’une adduction parallèle au système d’évacuation des
eaux serait troublante. De la même manière, on assiste à un accroissement
régulier des capacités de décantation des eaux usées : simple amphore sur
le parcours, puis panse d’amphore, avant la construction d’un bassin maçonné
lors de la seconde phase. Bien que ce dernier l’ait presque intégralement
détruit, un premier bassin maçonné a pu exister, presque au même endroit :
la première maçonnerie observée en constituerait les rares vestiges. En se
fondant sur cette série d’hypothèses, principalement liées au système
d’adduction et d’évacuation des eaux, il nous semble que, dès après les
restaurations impliquées par le séisme de 62/63, un atelier de lavage des
toisons a été installé dans la pièce 3.
En ce qui
concerne la partie orientale, seulement observée dans ce qui correspond à la
seconde phase de l’atelier, il nous semble que le traitement du sol et les
creusements repérés le long des murs oriental et septentrional permettent
d’avancer une hypothèse qui trouvera éventuellement sa confirmation avec
l’extension du nettoyage lors de la prochaine campagne : ces creusements
parallèles aux murs pourraient renvoyer à l’installation de métiers à tisser
verticaux – dépourvus de pesons et donc non susceptibles de laisser des
traces archéologiques autres que celles de leurs points de fixation au sol. Les
deux creusements au nord correspondraient à un métier. Si l’on reporte leur
espacement de 1,10 m au nord du creusement situé sur le côté oriental, on aboutit
à une zone malmenée lors du dégagement initial ; l’éventuel creusement
nord aurait ainsi disparu. Nous verrons l’an prochain ce qui sera observable en
reportant cette même distance au sud du second creusement oriental.
Avec une telle
hypothèse, nous aurions ainsi la trace d’un atelier intégré verticalement, du
lavage des toisons au nettoyage des étoffes avant leur vente, en passant par le
tissage. Il devient tentant d’interpréter l’abri situé entre la pièce 3 et
l’éventuelle zone de tissage comme ayant servi au filage : les seuils en
remploi pouvant alors constituer de remarquables bancs où l’on pouvait
s’asseoir pour manipuler des écheveaux de laine afin de les transformer en fil.
Par-delà la tentation, faute de matériel propre à cette activité mis au jour
lors du dégagement de l’atelier, cette proposition ne saurait dépasser le cadre
de la seule hypothèse.
Note 16: Sogliano 1906,
p. 350.
Une exploration
stratigraphique de la foulerie située en VI 16, 6 a été également menée au
cours de cette campagne (fig. 21). Elle a été somme
toute réduite, la majeure partie de la surface de l’atelier ayant été
irrémédiablement détruite suite à l’installation, peu
après son dégagement du matériel éruptif, d’une citerne destinée à alimenter
les fontaines de la Casa degli amorini dorati (Note 17).
Note 17: GSP
1905 : « Mese di agosto. […] Nella fullonica No6
Ins[ula]XVI – Reg[io] VI, si è costruita una piscina nel sottosuolo per
stabilirvi la conserva di acqua necessaria per i bisogni del giardino della
contigua casa No7 detta “degli Amorini dorati”. […] Mese di
settembre. […] Si è frattanto ultimata la costruzione della piscina di cui è
parola nel Giornale dello scorso mese, nella Fullonica No6
dell’Insula XVI – Reg[io] VI ».
Fig. 21
– Pompéi, VI 16, 6. Plan des principaux vestiges mis au jour pendant la
campagne 2018.
Relevé,
dessin : S. Aho, E. Le Quéré, F. Fouriaux/EFR. Licence creative commons, © CC BY-NC-SA.
Après avoir
dégagé toute la surface de la pièce des remblais modernes, nous avons initié,
au nord et à l’ouest de la citerne, une fouille des niveaux conservés qui se
voulait exhaustive. L’allongement du temps de fouille sous les stalles nous a
empêchés d’atteindre ce but. De ce fait, et en raison des dégâts causés par la
citerne, la division en phases que nous présentons est tout à la fois sommaire
par moments et vouée à rester une chronologie relative.
Des niveaux
éruptifs anté-pliniens ont été observés à plusieurs
reprises en raison de leur excavation partielle par des fosses antiques. La
stratigraphie la plus importante a été documentée sous le mur nord de
l’atelier. Là, trois niveaux successifs ont été observés : un important paléosol,
dont seule la partie supérieure a été repérée (34,93 m s.l.m.) ;
un niveau peu épais de cendres jaunes (34,97 m s.l.m.) ;
un possible second niveau de paléosol (35,21 m s.l.m.).
Enfin, des niveaux de grey ash, correspondant à une phase
éruptive survenue lors du Ier millénaire av. n. è.,
ont quant à eux été observés en trois points distincts, à des altitudes
différentes, sans que leur surface originelle n’ait été conservée (Note 18).
Note 18 :
Mur nord : 35,38 m s.l.m. ; coupe à
l’ouest de la citerne : 35,61 m s.l.m. ;
coupe à l’est de la citerne : 35,58 m s.l.m.
Miraculeusement
épargnés par la construction de la citerne, les restes d’un mur orienté
est-ouest ont été observés au sud-est de notre principal sondage sur une
longueur particulièrement réduite (0,35 m). Construit avec des moellons de
calcaire « du Sarno », ce mur n’est associé à aucun niveau de sol. Il
est hautement probable qu’il s’agisse d’une fondation dont l’élévation a été
progressivement détruite par les travaux successifs survenus dans cet espace.
Comme ce mur a été arasé sans laisser la moindre connexion avec des niveaux de
fonctionnement, il est impossible à dater.
L’unique élément
de la seconde phase d’occupation perceptible dans cet atelier est une fosse
d’un intérêt certain, tant par ses caractéristiques que par son mode de
comblement. Notons que cette fosse, qui se développe en partie sous les stalles
de la foulerie, n’a pu être intégralement fouillée. Son plan paraît avoir été
en 8 : la fraction qui a pu être observée s’inscrit dans une ellipse de
0,66 m de large pour 0,85 m de long ; cependant, elle ne se
referme pas et continue de s’étendre vers le sud-ouest après un rétrécissement
large de 0,45 m. Si sa profondeur maximale est de 0,80 m, ses parois
ont un profil variable : en U avec des pans inclinés sur les côté
nord et sud, convexo-concave à son extrémité nord-est. Il nous semble capital
de souligner que, pour autant que cela soit possible de l’observer eu égard à
sa situation et aux constructions survenues par la suite sur trois de ses
côtés, elle semble avoir été creusée directement dans les niveaux éruptifs,
dégagés de tout éventuel aménagement construit lors des phases antérieures. À
tout le moins, aucun d’entre eux n’est visible en coupe sur les côtés de la
fosse. Son remplissage, vraisemblablement réalisé en plusieurs étapes mais dans
un temps très réduit, reflète également ce point : on y retrouve les
différents niveaux décrits plus haut, mais presque sous la forme d’une
stratigraphie inversée. De même, bien qu’il soit trop tôt pour pouvoir
l’affirmer, le taux de matériel résiduel et issu du remaniement de couches
occupées détruites lors du creusement apparaît relativement réduit : la
première impression est que l’ensemble du matériel qui a été découvert dans le
remplissage y a été jeté volontairement au moment du creusement même. Enfin,
l’unité de ce remplissage tient également au caractère particulièrement meuble,
et parfois incohérent, des couches le constituant, à l’exception notable de la
couche initiant le comblement et de celle scellant la fosse.
En reprenant le
dépôt dans son ordre de constitution, la première couche à avoir rempli la
fosse est constituée pour l’essentiel de grey ash remaniée, mélangée avec des
charbons de fraction très fine. Son pendage laisserait supposer qu’elle a été
déposée depuis le sud-ouest, tandis que son caractère compact pourrait être le
résultat d’un piétinement léger. Un seul tesson de céramique commune ibérique y
a été observé. Dans la partie nord-orientale de la fosse est ensuite déposé un
niveau incohérent mélangeant charbons, cendres et os à une matrice beige
résultant du remaniement de plusieurs couches éruptives. Y ont été mis au jour
deux couvercles de céramique culinaire, huit fragments d’un pot à
cuire et sept fragments d’un bol à relief à décor de demi-cercles
concentriques et de perles (Note 19) (fig. 22), dont on retrouve six
autres fragments éparpillés dans les dernières couches du remplissage.
Note 19 : Il
s’agit d’un bol entrant dans la série des bols « mégariens »,
« au décor macédonien » (« Halbkreisornamentbecher »,
« concentric semi-circle bowls ») dont on trouve des parallèles
à Délos (Courby 1922, no 30, pl. 13 ; Bruneau et al. 1970,
no D10 p. 241 et pl. 40 ; Laumonier 1977,
pl. 45 et 112), à Corinthe (Edwards 1975, p. 182-184), à Milet
(Kossatz 1990, nos M262 et M434) et sur l’Agora d’Athènes
(Rotroff 2006, nos 400-401,
p. 91 et pl. 68, 89 avec bibliographie afférente). Cette production
est datée entre le troisième quart du IIe s.
av. n.è. et, au plus tard, le Ier s. av. n.è. Elle pourrait être originaire de Corinthe et avoir été
copiée en Asie mineure (Callaghan 1978, p. 59-60 ;
Kossatz 1990, p. 110-111).
Fig. 22
– Pompéi, VI 16, 6. Bol « mégarien » trouvé dans la fosse
« rituelle ». Relevé photogrammétrique.
Cl. MIBAC/N.
Monteix/EFR, dessin E. Le Quéré/EFR. Licence creative commons, © CC BY-NC-SA.
Cet état pourrait
être partiellement lié au dépôt d’un aménagement de moellons sur les
trois quarts de la surface de l’ellipse formée par la fosse. En tout,
14 moellons et éléments principaux ont été disposés au fond de la fosse et
amassés en gradins sur une hauteur de 0,32 m (fig. 23).
Les moellons sont principalement en basalte, même si l’on note un moellon de
calcaire « du Sarno » ; certains d’entre eux présentent des
traces de mortier, signe de leur emploi antérieur. Associés à ces moellons, des
morceaux de béton de tuileau et des fragments d’enduits ont été trouvés, tandis
qu’au sommet de cet assemblage hétéroclite, un tesson de tuile, posé à plat, a été
observé. Sans véritablement constituer une construction au sens d’usage de la
maçonnerie, cet amoncèlement n’est pas le fruit hasardeux d’un jet anarchique
de moellons : en différents points, tous situés vers l’extérieur de
l’agrégat, des petites quantités d’argile crue ont été mises en évidence entre
les moellons (fig. 24). Enfin, dans les interstices entre les
pierres, plutôt dans la partie centrale, nous avons retrouvé le même type de
sédiment que celui de la couche inférieure. À l’exception de
quatre fragments du bol « mégarien » et de quatre fragments
d’un autre pot à cuire, aucun reste céramique n’a été observé ; en
revanche, nous signalerons la présence d’un clou. Au sommet de cet aménagement,
contre la paroi nord-est, une couche de cendres, allant jusqu’à 5 cm
d’épaisseur, contenant également quelques charbons, ossements animaux,
escargots et rares tessons, a été déposée (fig. 25).
Fig. 23
– Pompéi, VI 16, 6. Construction de moellons tenus à l’argile dans la
fosse « rituelle ». Relevé photogrammétrique.
Cl. MIBAC/N.
Monteix/EFR. Licence creative
commons, © CC BY-NC-SA.
Fig. 24
– Pompéi, VI 16, 6. Boules d’argile tenant les moellons extérieurs de
l’amas d’éléments de maçonnerie.
Cl. MIBAC/N. Monteix/EFR. Licence creative commons, © CC BY-NC-SA.
Fig. 25
– Pompéi, VI 16, 6. Couche de cendres au sommet de l’amas d’éléments de
maçonnerie. Relevé photogrammétrique.
Cl. MIBAC/N. Monteix/EFR.
Licence creative
commons,
© CC BY-NC-SA.
Le reste du
comblement n’est pas véritablement unitaire en ce qu’il révèle les variations
de concentrations des différentes strates rencontrées lors du creusement de la
fosse et varie donc dans des nuances allant du jaunâtre au beige, tout en
restant d’une consistance particulièrement incohérente (fig. 26).
D’une couche déposée à l’autre, le nombre (NMI) de récipients de préparation
culinaire, de vaisselle de service et de consommation est sensiblement le même,
en dépit d’un volume de terre dans lequel ils ont été enfouis allant du simple
au double. La dernière couche se distingue en revanche par un nombre élevé de
récipients (NMI = 72) et par la présence d’une quantité importante de
matériel résiduel (NMI = 53, attestés par un seul fragment), presque
absent du reste de la fosse. La proportion des groupes céramiques reste
sensiblement constante avec un même rapport numérique des céramiques culinaires
et fines. À l’exception de cinq vases intacts, ces pièces de vaisselier sont
généralement brisées, mais fréquemment complètes et reconstituées à partir d’un
nombre réduit de fragments. La dernière couche de ce comblement, seulement
épaisse de 0,10 à 0,17 m est en ce sens particulièrement frappante :
sur les 72 individus répertoriés, 9 sont complets ou presque complets même
s’ils sont fragmentés en 4 à 12 tessons, tandis que sur les 24 de la
couche précédente, 9 autres sont complets ou presque complets.
Fig. 26
– Pompéi, VI 16, 6. Coupe est-ouest de la fosse
« rituelle ».
Relevé, dessin
S. Aho, N. Monteix/EFR. Licence creative commons, © CC BY-NC-SA.
En plus de cette
profusion de vaisselle, d’autres éléments renvoyant aux activités domestiques
ont été mis en évidence : un peson, des épingles, une boule de pigment
bleu, une statuette acéphale en terre cuite, deux monnaies de bronze, des
clous. L’inclusion la plus frappante reste un bloc parallélépipédique d’argile
verdâtre cinéritique (Note 20) d’environ 25 cm
de long pour 10 à 15 cm de large et d’épaisseur (fig. 27).
Il s’agit de la même argile que celle utilisée pour lier les moellons de
l’amoncellement. Une telle quantité étonne dans un site où les bancs d’argile
sont inexistants. Enfin, la fosse est scellée par une épaisse couche
(12 cm), très argileuse, dépourvue de matériel. Sa consistance au moment
de la fouille laisse supposer qu’elle a eu le temps de sécher avant d’être
éventuellement elle-même enfouie.
Note 20 :
Nous remercions vivement V. Amato pour ses observations sur ce bloc
d’argile qui ne saurait être d’origine strictement pompéienne.
Fig. 27
– Pompéi, VI 16, 6. Bloc d’argile dans le comblement de la fosse. Vue
de l’est.
Cl. MIBAC/N.
Monteix/EFR. Licence creative
commons,
© CC BY-NC-SA.
Le ramassage
manuel des vestiges s’est accompagné du tamisage à maille fine (2 et
0,5 mm) de l’intégralité des comblements fouillés de la fosse
(341 L). Les mailles ont été choisies pour récupérer l’ensemble des
données archéozoologiques et archéobotaniques. Cette
approche exhaustive a permis de constater que de nombreux restes osseux de
mammifères, d’oiseaux, de mollusques et de poissons ont été rejetés. Le sommet
du comblement a livré le plus de vestiges mais les concentrations les plus
fortes sont rencontrées au sein de l’amas de moellons. Le tamisage a favorisé
la récolte des éléments les plus petits, notamment des esquilles (n=1210) qui
n’ont pas pu être déterminées mais qui proviennent de petit bétail (porc et
caprinés). Pour ce qui concerne le poisson, le tri (Note 21) et les
dénombrements ont été opérés sur un assemblage de 5105 restes.
Note 21 : Le
tri a été opéré sur les refus de tamis de la maille de 2 mm. Les premiers résultats présentés ici ne prennent pas en
compte les refus de la maille de 0,5 mm qui seront triés prochainement.
Les mammifères
sont représentés par 152 vestiges. Les espèces présentes sont
exclusivement domestiques : le porc (88 restes), les moutons et les
chèvres (54 restes), le bœuf (9 restes) et un équidé (1 reste).
Les oiseaux sont essentiellement représentés par le poulet (21 fragments)
mais de l’oie et du pigeon sont aussi présents (1 reste pour chacun). Des
coquillages marins ont été retrouvés (47 valves). Sont représentés des
espèces habituelles de la zone : des palourdes, des amandes, des patelles,
des donax et un murex tuberculé. Des coquilles d’escargot gros-gris
(6 complètes et de nombreux fragments), qui est un escargot terrestre
comestible, ont par ailleurs été mises au jour. Pour ce qui concerne les
animaux domestiques, on ne distingue pas ces vestiges de ceux que l’on pourrait
rencontrer en contexte détritique. Les traces de découpe correspondent à des
préparations de boucherie (séparation des bas de pattes, désarticulation) ou de
préparation culinaire. L’analyse de la répartition anatomique des os ne fait
apparaître aucune particularité : toutes les parties des animaux sont
présentes. Ces observations sont similaires à celles effectuées pour les
poissons puisque les éléments mis au jour correspondent aussi à des épisodes de
préparation (tête de thon) et de consommation.
Les taxons de
poissons sont exclusivement des espèces marines. La liste fournie ici est non
exhaustive car le travail d’identification spécifique est en cours (Note 22).
Les ossements sont attribuables aux familles des muraenidae
(murènes), des congridae (congres), des anguillidae (anguilles), des engraulidae
(anchois), des clupeidae (sardines), des mugilidae (mulets), des scombridae
(thons, bonites, maquereaux), des labridae
(girelles), des moronidae (bars) et des sparidae (pageots, bogues, sars, mendoles). Cette
méthode d’échantillonnage exhaustif permettra à terme de comparer la part de
chaque animal dans l’alimentation. De nombreux fragments de charbons, parfois
de taille importante (ca. 3 à 6 cm), ont
également été ramassés manuellement. Le tamisage a été nécessaire pour
récupérer les éléments de plus petites tailles et les graines, parmi lesquelles
ont été reconnus pendant le tri des refus de tamis des noyaux d’olive
carbonisés et des pépins de raisins minéralisés.
Note 22 : La
nomenclature retenue est celle en cours de validité dans la base de données en
ligne Fishbase.
En termes de
datation, l’ensemble paraît assez cohérent. Nous nous limiterons ici à indiquer
une fourchette large fournie principalement par le bol « mégarien »
et l’absence de toute céramique sigillée, ce qui placerait le comblement de la
fosse entre le dernier quart du IIe s.
av. n.è. et le milieu du Ier s. av. n.è.
Le dépôt dans cette fosse contient donc principalement de la vaisselle de table
et de préparation culinaire – on note ainsi la présence d’au minimum
19 gobelets et 13 ollae –
et des restes de nourriture. Le point central de l’ensemble reste
l’amoncellement structuré des moellons « assemblés » les uns avec les
autres par de petites quantités d’argile crue. Il est difficile de ne pas noter
que, dans cet aménagement, toutes les parties constituant une maison, décor
inclus, sont représentées ; par ailleurs, le caractère intentionnel de la
constitution de cet amas est patent (Note 23). Le niveau de cendres observé au
sommet de cet aménagement semble avoir été rapporté : rien ne permet de
supposer que le foyer qui a permis de produire ces restes de combustion a été
allumé dans la fosse. En effet, ni le tesson de tuile ni les autres éléments
alentour ne portent de marque claire de soumission au feu. Il en va de même
pour la vaisselle : sur un total de 97 vases (NMI), une grande partie
des récipients de préparation culinaire (ollae,
patellae) et de vaisselle de
service (cruchettes à paroi fine essentiellement) semble avoir été brisée avant
leur dépôt dans la fosse. En revanche, quelques récipients de consommation
– et en particulier quatre gobelets à paroi fine – ont été retrouvés
intacts ou presque dans les couches supérieures du comblement. Mis à part
quelques fragments du bol « mégarien » et ceux provenant d’un pot à
cuire, retrouvés dans les couches inférieures de la fosse, la plupart de la
vaisselle semble avoir été utilisée puis brisée hors de la fosse, avant d’y
être jetée, après l’érection de l’agglomérat de moellons.
Note 23 : Le
caractère casuel de la mise en place de cet amas de moellons liés par des
petites quantités d’argile – rarissime à Pompéi – doit être écarté.
Dès lors, cet amas pourrait correspondre à une
« maison symbolique », tous les éléments constitutifs de celle-ci
étant rassemblés, et, par-là, éventuellement renvoyer à une pratique rituelle.
Pour l’heure, les
différents éléments participant du comblement de cette fosse renvoient à des
interprétations divergentes : l’étude de la faune tendrait à indiquer une
simple fosse dépotoir, réceptacle de rejets de préparation alimentaire ;
les objets céramiques sont pour partie très fragmentaires et résiduels, mais
peuvent être quasiment complets et peu fragmentés ; entre deux phases
relativement claires du remplissage, un amoncellement structuré de moellons a
été érigé, ce qui pourrait renvoyer à une séquence pouvant être caractérisée
de rituelle. Dans l’attente de l’achèvement des études en cours sur les restes
végétaux et de faune (Note 24), on se gardera donc, par prudence, de proposer
toute interprétation univoque.
Note 24 :
S. Coubray (INRAP – MNHN) étudie les charbons,
B. Ephrem l’ichtyofaune, S. Lepetz les restes de faune, V. Zech-Matterne (CNRS – MNHN) les restes végétaux.
La difficulté
pour cette nouvelle phase est que l’essentiel des transformations n’a pu être
observé que par le biais du profil mis au jour par le creusement de la citerne
en 1905, et n’a, de ce fait, généralement pas pu bénéficier d’une véritable
fouille. Cette difficulté est évidente pour les niveaux partiellement dégagés
sur le côté oriental de la citerne. Sans que l’on puisse connaître les niveaux
sur lesquels ils reposent, il en va de même pour les niveaux observés sur le
côté occidental de la citerne, au sud, qui pourraient être une série de sols de
terre battue, en particulier le dernier d’entre eux. Le probable sol en terre
battue, observé sur une trentaine de centimètres de longueur à l’ouest, sur le
côté septentrional de la citerne, présente le même problème. Il est impossible
de déterminer quand il a été installé, d’autant qu’il repose directement sur un
niveau de grey ash. Toutefois, il est taillé pour l’installation d’une
large canalisation maçonnée, qui court de l’angle nord-ouest de la pièce vers
un conduit de citerne probablement antique et remployé lors de la construction
de la citerne contemporaine. Cette canalisation présente un conduit large de
0,17 m et haut de 0,14 m ; il est inséré dans un puissant massif
large de 0,35 m et dont l’épaisseur est de 0,42 m. Excepté pour la
base du canal proprement dit, dont les parois et le fond sont réalisés avec des
terres cuites architecturales, le massif de la canalisation paraît n’avoir
employé que des moellons de calcaire « du Sarno ». Un possible sol en
terre battue est déployé au-dessus de la canalisation après sa construction.
Ultérieurement,
ce dernier est excavé pour mettre en place un drain constitué, pour ce qu’il a
été possible d’observer, de deux amphores retaillées emboîtées l’une dans
l’autre : une Lamboglia 2 fichée sur une
Dressel 1 (fig. 28). Dans l’optique
d’assurer leur stabilité, un comblement de pierre a été utilisé pour remplir le
vide laissé par le creusement d’installation des amphores. Un niveau de
préparation de sol, non damé, a été fouillé, mais aucune trace n’a été perçue
du sol proprement dit. Peut-être faut-il associer ce niveau au sol observé dans
l’angle nord-est de l’atelier, avec lequel il n’existe toutefois aucun lien
stratigraphique.
Fig. 28
– Pompéi, VI 16, 6. Drain composé d’au moins deux amphores emboîtées l’une
sur l’autre (vue zénithale de l’est).
Cl. MIBAC/N.
Monteix/EFR. Licence creative
commons, © CC BY-NC-SA.
Au cours d’une
phase successive, les premiers travaux réalisés apparaissent comme une
réparation du mur septentrional. Selon l’étude du bâti menée par F. Seiler
dans les années 1980, ce mur correspondrait à une réparation consécutive
au séisme de 62/63 (Note 25). Dans l’attente de pouvoir compléter notre propre
étude du bâti en l’élargissant aux différentes pièces de la Casa degli
amorini dorati attenantes aux ateliers VI 16, 3 à 6,
cette proposition peut être partagée : bien que majoritairement composé de
moellons de calcaire « du Sarno », le mélange avec d’autres roches
tend à appuyer cette interprétation.
Note 25 :
Seiler 1992, p. 83.
Ce n’est qu’après
avoir reconstruit le mur et remblayé les percements effectués que les travaux
de construction de la foulerie prennent place (fig. 29).
Un quadrilatère long de 2,07 m et large de 1,40 m est creusé dans
l’angle nord-ouest de l’atelier, sur 0,41 m au maximum ; son angle
sud-est est arrondi et un creusement similaire, bien que profond de seulement
une dizaine de centimètres, est également réalisé dans le mur occidental. De
manière assez étonnante, contre la seule paroi orientale de ce creusement, un
muret est érigé. Il s’agit d’un assemblage hétéroclite de fragments de taille
réduite, mal aggloméré à la terre contenant très peu de chaux et conservé sur
une hauteur de 0,19 m. Après le dépôt d’un remblai de nivellement, deux
stalles de foulerie sont construites. La technique de construction est la même
que pour le muret oriental, tout au plus la surface interne est plus soignée.
Les stalles sont profondes de 0,40 m à l’intérieur. Larges de 0,41 m
et longues de 0,67 m, elles ne présentent aucun revêtement hydraulique,
même sous forme de trace. En revanche, dans la plus occidentale des deux, de
possibles restes de bois ont été observés au nettoyage, laissant ouverte la
possibilité d’un cuvelage non maçonné. Une fois ces aménagements terminés, un
niveau de circulation est mis en place à une altitude de 35,60 m s.l.m. ; de cette manière, il existait un niveau
inférieur autour des stalles, nécessitant de descendre une marche de
0,15 m depuis le probable niveau de circulation dans le reste de la pièce,
avant de franchir le muret des stalles, se développant à 0,44 m au-dessus
de ce niveau encaissé. Pour malcommode que puisse paraître cette situation,
elle peut être liée à la disparition d’éléments démontés dans la phase
successive. Sinon, elle renvoie, certes de manière accentuée, à une
organisation que l’on retrouve dans d’autres fouleries de petites dimensions,
où il existe le même type de ceinture autour des stalles, à leur pied, pour
empêcher les débordements de liquide (Note 26).
Note 26 :
Voir, e.g. la foulerie V 1, 2, nettoyée par M. Flohr
(2011, p. 2‑3), où un boudin en surépaisseur de 0,20 m enserre
l’accès aux stalles. Une entrée plus commode est toutefois prévue pour
celles-ci.
Fig. 29
– Pompéi, VI 16, 6. Plan général des vestiges mis au jour pendant la
campagne 2018.
Relevé,
dessin : S. Aho, F. Fouriaux/EFR. Licence creative commons, © CC BY-NC-SA.
La phase
suivante, précédant certainement de peu l’éruption car restée inachevée, est un
moment de transformation de l’usage de cette pièce ouverte sur la rue. Après
une possible destruction des stalles ou l’amorce de leur comblement, le mur
nord subit une réparation très ciblée, avec l’adjonction d’un faux orthostate,
ce qui a nécessité une reprise partielle des fondations dans la partie
orientale du mur, puis la construction du massif maçonné permettant d’accéder à
l’étage. Les stalles sont comblées, et, pour autant que l’on puisse l’observer,
une grande partie de l’atelier est remblayée avec les déchets issus de la
destruction de la décoration pariétale.
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Les cités
vésuviennes, mis en ligne le 11 septembre 2019. URL : http://journals.openedition.org/cefr/3548 ; DOI : 10.4000/cefr.3548